L'auteur retrace, à travers des histoires qui présentent de nombreuses similitudes, le parcours qui a conduit des Chinois pour la plupart originaires de Zhejiang en Italie, après être passés bien souvent par la France, leur expérience étant le pendant de celle des Chinois "de France" ayant séjourné en Italie. A travers les exemples de la France et de l'Italie, l'auteur veut éclairicr les ressorts de la circulation dans cet espace : pour ce faire, il analyse tour à tour l'impact des régularisations, le "jeu" dans les contrôles, les conditions pour créer son entreprise, le coût du travail défiant toute concurrence, la voie royale de l'import-export, la diversification des activités et, enfin, les politiques européennes.
Depuis les années 80, les pays d'Europe occidentale souhaitent freiner le mouvement migratoire en renforçant le contrôle des frontières alors que la pression migratoire venue du Sud va se poursuivre. A l'Est, une migration temporaire ou pendulaire peut se développer. Les réponses européennes en matière de politique migratoire commune sont essentiellement restrictives ou sélectives. Or, le coût-bénéfice à la fois politique et économique est paradoxal pour des résultats aléatoires. Outre le codéveloppement, il conviendrait de réfléchir à d'autres alternatives et favoriser les aller-retour des travailleurs qualifiés et les accords bilatéraux de main d'oeuvre.
Attribuant la diminution des retombées économiques de l'immigration à l'accueil de familles et de réfugiés, les responsables de la politique migratoire du Canada ont décidé en 1994 de se tourner vers des immigrants isolés. L'objectif de cet article est d'examiner si la libéralisation des conditions d'entrée, à partir de 1960, a conduit à l'admission d'immigrants ayant un niveau d'instruction plus bas qu'auparavant et/ou plus bas que la moyenne des citoyens canadiens. Les résultats révèlent que d'autres facteurs sont à prendre en compte dans le déclin des performances économiques des immigrants, tels que la discrimination et la conjoncture économique générale du pays.
Les déplacements forcés et réinstallations de populations consécutifs à des programmes de développement ont atteint une ampleur et une fréquence telles qu'ils sont reconnus comme des phénomènes universels et nécessitent des solutions régies par des politiques spécialisées. L'auteur identifie les tendances générales révélées par le vaste corpus de données empiriques en matière de réinstallation, pour ensuite esquisser un modèle théorique de déplacement et de reconstruction. Ce modèle tire avantage des toutes dernières recherches en matière de réinstallation et propose un large cadre théorique pour diagnostiquer et anticiper les risques d'appauvrissement. L'auteur souligne que la reconstruction et l'amélioration des moyens d'existence des personnes déplacées exigent une lutte pour renverser les risques de paupérisation au moyen de stratégies soutenues par un financement adéquat. Enfin, il critique les approches qui négligent la reconstruction et les limites propres à l'analyse des coûts et avantages.
Réédition de la monographie du Père Pierre Lhande (1877-1957), publiée en 191O et consacrée à "l'émigration des Basques vers le Nouveau Monde". L'auteur y traite des causes de ce mouvement au début du 19e siècle, et des types d'émigrants (corsaires, marchands, capitaines, missionnaires) ; de la psychologie de l'émigré ("esprit de retour",de "race", d'"initiative") et de ses activités (industrielles, agricoles, religieuses) ; du problème de l'émigration (sort de l'émigrant, bénéfices réalisés par les pays d'accueil, intérêts de la France et du pays basque). Une postface fait état de l'émigration basque au 20e siècle.
Le peuplement vietnamien se caractérise à la fois par sa diversité ethnique et sa très inégale répartition. Dès 1954, afin de réduire les disparités entre plaines et arrière-pays, le nouveau gouvernement du Nord-Vietnam s'attache à mettre en place une politique de redistribution spatiale de la population. Il organise alors le déplacement de 1,2 millions Kinh du delta vers les régions montagneuses et la "sédentarisation" d'un million de personnes appartenant aux minorités ethniques montagnardes. Ces politiques sont associées à la grande réforme collectiviste. Cependant, la concentration de ces populations dans les vallées très étroites des milieux montagnards et les difficultés de développement entraînent d'importants problèmes de subsistance.
Compte-rendu du débat engagé aux Etats-Unis sur l'immigration, son expérience en matière de melting-pot et sa capacité d'intégration sociale des minorités et des étrangers. Nicole Morgan expose le point de vue de David M. Kennedy et de Georges J. Borjas tel qu'ils l'ont explicité dans deux articles récents. Ces auteurs mettent l'accent sur l'influence des facteurs socio-économiques (coûts et avantages) par opposition à la question culturelle. Quant à Rémy Oudghiri il rend compte de l'ouvrage de Dale Maharidge "The Coming White Minority" qui montre la peur des Blancs en passe de devenir minoritaires en Californie et souligne le risque de voir la société se disloquer sous l'effet d'une ségrégation plus forte.
L'auteur étudie trois scénarios qui aboutissent à la conclusion qu'il y a complémentarité entre la migration et les échanges des flux Nord-Sud (et Est-Ouest).
Cet article décrit et interprète les transformations démographiques récentes (depuis les années 1990) qu'a subi un quartier des Etats-Unis (New York, Flushing) du fait de l'arrivée massive des immigrés asiatiques. L'impact de la restructuration économique, sociale, culturelle liée à l'introduction des capitaux et entreprises asiatiques est étudié ainsi que le coût-bénéfice de ce changement. Le discours public suscité par l'ethnicisation du quartier est examiné ainsi que les conflits nés entre immigrés et résidents anciens, entre Asiatiques et non-asiatiques, entre capital et communauté ethnique.
Etude de la migration de retour forcée de 300 000 Palestiniens en Jordanie, suite à la crise du Golfe (1990-1991). L'auteur examine les circonstances de ce rapatriement massif, les caractéristiques socio-économiques des migrants de retour en relation avec le pays d'émigration (Koweït, pays du Golfe Arabo-Persique); il dresse un bilan des modes de réinsertion au pays d'origine et des conséquences des migrations de retour, trois ans après, sur l'économie et la société jordanienne. Il laisse ouverte la question du bénéfice ou du préjudice induit par cet afflux soudain de population.
La migration est un processus d'équilibre du aux conditions économiques nationales et mondiales, aux facteurs sociaux et aux cadres politiques ; elle inclut une première étape d'insertion suivie d'une étape d'acculturation, à son tour suivie de l'étape d'une identité symbolique négociée au sein des sociétés d'accueil. La reproduction sociale et le travail féminin tiennent une place plus importante que ce qui est communément admis. Une étude des questions concernant le marché du travail, la communauté et la famille dans le processus migratoire montre que l'analyse "coût-bénéfice étendu" contribue à comprendre le processus d'acculturation lorsqu'on considère les facteurs matériels et émotionnels qui influencent les critères familiaux et individuels dans la décision d'émigrer.
Afin d'expliquer la complémentarité existant entre commerce et migration dans le cadre des modèles Nord-Sud, l'auteur, après avoir passé en revue la littérature consacrée au commerce et à la migration, propose trois scénarios. Ceux-ci soulignent successivement les coûts de la migration, la libéralisation du marché face à la spécificité des facteurs de production, d'une part et face aux pays en développement ayant entrepris des réformes dans les secteurs intensifs en main-d'oeuvre, d'autre part.
Cette étude fait le point sur le coût de l'immigration en matière de protection sociale. Elle aborde les points suivants : les particularités de la protection sociale applicables aux étrangers; l'évaluation de la redistribution entre les étrangers et la protection sociale à partir de données chiffrées et de leur analyse; enfin des propositions pour rendre plus opérante cette redistribution et en avoir une meilleure connaissance sont présentées.
Ce dossier relatif au symposium sur «les Conséquences de la Crise du Golfe Arabo-Persique sur les Pays Fournisseurs de Main-d'Oeuvre» regroupe : un résumé des rapports nationaux des pays d'origine asiatique, un compte-rendu des conclusions sur l'évacuation des émigrés, leur rapatriement et réinsertion au pays d'origine. L'accent mis sur les pertes économiques des pays concernés et des dommages financiers, physiques et psychologiques des migrants pris en charge par la Commission de dédommagement des Nations-Unies.
Cet article décrit la politique et les actions menées par le gouvernement philippin pendant la crise et la guerre du Golfe Arabo-Persique à l'égard des Philippins travaillant sous contrat de travail à l'étranger : la mise en place du National Contingency Plan (décembre 1990) pour l'évacuation des émigrés d'Arabie Saoudite et le rapatriement aux Philippines, l'évaluation des dépenses de l'Overseas Workers Welfare Administration (OWWR) pour cette opération. La réussite et les faiblesses du plan examiné à travers les questions politiques et administratives auxquelles ont été confronté les Philippines.